Crypto : Do Kwon plaide coupable et demande une peine réduite

Do Kwon, ex-star de la DeFi, est aujourd’hui au cœur d’un scandale judiciaire sans précédent. Moins de deux ans après l’effondrement de Terra-Luna, qui a englouti 40 milliards de dollars, il tente d’éviter une lourde peine aux États-Unis. Son objectif est de convaincre la justice de limiter sa peine à cinq ans de prison. À deux semaines de son audience, cette demande relance les débats sur la responsabilité des fondateurs crypto face aux conséquences dévastatrices de leurs projets.

Une peine négociée : Do Kwon demande un maximum de cinq ans

Dans un document judiciaire de 23 pages déposé ce 26 novembre devant la cour fédérale de New York, les avocats de Do Kwon plaident en faveur d’une peine maximale de cinq ans d’incarcération.

Cette demande intervient après qu’il a plaidé coupable en août à deux chefs d’accusation de fraude, liés à l’effondrement de l’écosystème Terra-Luna, qui aurait causé environ 40 milliards de dollars de pertes. L’objectif de la défense est de démontrer que les circonstances globales du dossier justifient une peine bien inférieure aux douze ans envisagés par le ministère public.

Comme l’indique la lettre : « la proposition du gouvernement […] ne tient pas compte de l’ensemble des circonstances qui justifieraient une peine n’excédant pas cinq années ».

Parmi les arguments avancés par la défense pour justifier cette clémence, l’on retrouve :

• L’absence d’enrichissement personnel : selon ses avocats, les actes de Kwon n’étaient pas motivés par la cupidité, mais par une combinaison de pressions croissantes, liées à son statut de fondateur d’un projet devenu incontrôlable ;

• Une erreur stratégique majeure : Kwon reconnaît aujourd’hui avoir omis de divulguer un accord avec Jump Trading, destiné à soutenir l’UST lors de sa déstabilisation en mai 2021, un silence qu’il considère désormais comme trompeur pour les investisseurs ;

• L’admission de culpabilité anticipée : en plaidant coupable dès août dernier, Kwon a exprimé une forme de responsabilité, ce que la défense présente comme un élément de coopération judiciaire ;

• Le contexte complexe du krach : la défense laisse entendre que l’effondrement ne saurait être réduit à une simple fraude individuelle.

Cette requête intervient alors que la sentence est attendue pour le 11 décembre.

Détention, responsabilité partagée et perspectives judiciaires

La défense de Do Kwon ne s’est pas limitée aux seules considérations techniques ou économiques. Elle insiste également sur les conditions de détention particulièrement éprouvantes que le fondateur de Terraform Labs a connues depuis son arrestation au Monténégro en mars 2023.

Incarcéré pour usage de faux documents de voyage, il y a passé près de deux ans en détention, dont une partie en isolement carcéral. Ses avocats soutiennent que cette privation de liberté, déjà subie en amont du procès américain, doit être considérée comme un élément atténuant significatif dans la peine finale. « Do a déjà souffert de manière considérable du fait de ses actes », souligne la lettre, évoquant à la fois les conséquences judiciaires et personnelles.

De plus, l’effondrement de l’écosystème Terra-Luna ne serait pas uniquement imputable à la gestion de Kwon. Les avocats invoquent des attaques de marché coordonnées, menées par des entités tierces, ayant exploité les failles de l’algorithme UST.

Pour appuyer leurs dires, ils se fondent sur des études universitaires et des rapports, apportant un éclairage plus nuancé sur les responsabilités techniques et structurelles du désastre. Cette stratégie vise à montrer que Kwon, bien qu’ayant commis des fautes graves, n’a pas été le seul moteur du krach.

Le verdict attendu dans l’affaire Terra Luna marquera un tournant pour la justice crypto. Quelle que soit la sentence, il fera date dans la manière dont les tribunaux traitent la responsabilité des fondateurs face aux dérives et aux conséquences d’un effondrement aussi massif.